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LE SALON D’AUTOMNE

Une pensée à Jean-Pierre Alaux


Jean-Pierre Alaux (1925-2020)

Jean-Pierre Alaux, né le 14 novembre 1925 à La Ciotat, est un peintre, graveur et sculpteur français de la nouvelle École de Paris, décédé à Paris le 14 avril 2020.
Jean-Pierre Alaux est le fils du peintre François Alaux et de Marie-Louise de Lannoix. Il est le descendant direct du peintre et lithographe Jean Paul dit Gentil Alaux (1788-1858). Après des études secondaires chez les frères dominicains puis maristes, il est admis au concours de l'École nationale supérieure des Beauxarts de Paris, où il travaille dans l'atelier de Jean Dupas de 1943 à 1949. Il s'y lie avec ses condisciples qui resteront ses amis et qu'il retrouvera dans les comités des Salons, notamment Pierre-Henry, Jean Joyet, Louis Vuillermoz, Frédéric Vidalens, Maurice Boitel, Éliane Beaupuy-Manciet, Marion Tournon-Branly.
Un long voyage à bicyclette jusqu'à Rome en compagnie de Frédéric Vidalens lui fait découvrir les villes de Florence, Assise, Viterbe, Sienne et le peintre du quattrocento Piero della Francesca à Arezzo, ainsi que la Villa Médicis en 1947.
En 1949, avant de quitter l'École des Beaux-arts, il obtient le premier prix du concours d'affiches du faubourg Saint-Honoré avec les Fables de La Fontaine, et une médaille d'argent au Salon des Artistes Français.
Deux prix lui sont décernés pour des affiches éditées pour les magasins du Printemps en 1950 et du faubourg Saint-Honoré. Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1951 à la galerie Cardo. Suivront six autres expositions entre 1953 et 1990 à la galerie Cardo, la galerie Recio, la galerie Drouant, la galerie de la place Beauvau. Une exposition a eu lieu à Cannes en 1965 à la galerie 65 avec Pablo Picasso.
Il expose ensuite, entre autres lieux, en Belgique à Bruxelles (1965 et 1969) et Knokke-le-Zoute (1973 et 1981) et aux Etats-Unis à Boston en 1960, à New-York en 1963, et à la Nouvelle-Orléans en 1971.
Dès 1952 Jean-Pierre Alaux présente ses toiles dans les salons historiques. Il devient ensuite membre des comités de la Société nationale des Beaux-arts (1969-1980), du Salon du Dessin et de la Peinture à l'eau, et est responsable du groupe « symbolique-visionirique » du Salon Comparaisons. Il expose au Salon de la Marine et sera nommé peintre officiel de la Marine en 1975 puis peintre de l'Air et de l'Espace en 1993.

Il expose au Salon d’Automne à partir de 1951, en devient sociétaire en 1986 puis membre du comité et président de section de 1990 à 2008.
C'est en 1988, après sa rétrospective au Salon d'Automne au Grand Palais, qu'il sera nommé chevalier de la Légion d'honneur dans la promotion du 1er avril. Il expose également, jusqu'à sa disparition, au Salon des Peintres Témoins de leur temps. Jean-Pierre Alaux, membre du conseil de la Société des Auteurs dans les Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP), fut, pendant plusieurs années, membre de la commission d'achats de l'État dans les salons historiques.
Entre 1952 et 1962, l'État, la ville de Paris et le musée d'art moderne de la ville de Paris lui achètent plusieurs oeuvres. De nombreuses commandes affluent à cette période. Il peint « Show boat descendant le Mississippi » pour le cargo mixte du même nom en 1959, « La Mer » en 1961 pour le carré des officiers supérieurs du porte-avions Foch, et « Le Limousin » pour le paquebot France en 1962.
Présent en tant qu’invité d’honneur au cours de nombreux salons de province, parmi lesquels le Salon d’Angers dont il est le président en 1989, il reçoit près de 50 médailles et prix, dont le prix de l'Académie des Beaux-arts (1955), le prix Puvis de Chavannes (1972), le grand prix des peintres témoins de leur temps (1974), le prix de l'orangerie du château de Versailles (1980), le prix Corpet de la Fondation Taylor (1990) et le prix de peinture de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie en 1993 pour sa toile « Planète précieuse, la biosphère ».

Les oeuvres de Jean-Pierre Alaux sont conservées au musée d'Art Moderne de la ville de Paris, au musée national de la Marine à Paris, aux musées de Fontainebleau, de Riom, des Baux-de-Provence, au musée Rapin de Villeneuve-sur-Lot, musée Vivant-Denon de Chalon-sur-Saône et au musée Ueno au Japon.
Il a présenté plusieurs rétrospectives de ses oeuvres : au Grand Palais en 1973 (Salon de la Société nationale des Beaux-arts), au musée Vivant-Denon de Chalon-sur-Saône en 1987, à nouveau au Grand Palais en 1987 (hommage du Salon d'Automne), au musée du Bastion Saint-André à Antibes en 1988, au Crédit Mutuel de Bretagne à Brest en 1991, et à La Ciotat, sa ville natale, où il exposa cinquante ans de peinture à la Chapelle des Pénitents Bleus en 1993, invité par la municipalité.
Ses toiles sont les témoins de ses préoccupations, de ses sensations, de ses fantasmes.
Doté d’une sensibilité hors du commun, il met en scène des personnages entourés d'objets symboliques et porteurs de messages dans des paysages et architectures oniriques. Peintre figuratif influencé par le surréalisme, Jean-Pierre Alaux multiplie les allusions poétiques, les références musicales et littéraires. D’un esprit curieux et inventif et d’un humour hors du commun, il manie avec légèreté et originalité les associations d’idées.
La fantaisie et le mystère sont mis en scène dans un univers pictural parfaitement maîtrisé au service de sa propre vision philosophique et métaphysique du monde, sans tomber dans l’anecdote réductrice. Suivant un chemin personnel d’une profonde authenticité, son oeuvre a toujours été à contre-courant des modes éphémères. Il pratique avec maestria une peinture symboliste entre tradition et modernité. Grand érudit des mythes universels et des références issues de l’histoire de l’art, Jean-Pierre Alaux mêle les métamorphoses au service du merveilleux et de l’insolite avec une délicieuse espièglerie dans une grande liberté d’esprit.
La figure de la femme, très souvent présente dans son oeuvre, est sublimée comme un trait d’union allégorique entre la vie et la mort faisant de lui un peintre du sacré. Aucun sujet n’échappe à son acuité visuelle, les paysages, les natures mortes et les portraits sont des thèmes récurrents tout au long de sa carrière. Ses inspirations littéraires et artistiques sont souvent l’objet d’hommages picturaux (Joseph Vernet, PP Grassé, Callas, Ader, Maupassant, Dali, Saint-Exupéry, Maurice Boitel ou Roger Chapelain-Midy, dont il fit le portrait un an avant sa mort).
Travailleur infatigable, Jean-Pierre Alaux pratique aussi la gravure, la lithographie et même la sculpture en mettant au point une technique personnelle à base de sciures de bois et de colle vinylique, dont il enduit une structure et qu'il façonne ensuite avec des limes à bois.
Il laisse derrière lui une oeuvre considérable et inclassable tant elle est singulière et marquée par l’exceptionnelle originalité de sa personnalité. C’est un ami très cher qui disparaît aujourd’hui.

 
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